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Qui apportera de la valeur ajoutée à l’Afrique ? Qui soignera ? Qui construira ?

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 Dasan Bobo/World Bank​

​En tant qu'économiste, spécialisé dans le secteur de l'éducation à la Banque mondiale, je passe souvent en revue de nombreuses stratégies pays ou sectorielles dissertant sur la meilleure façon de développer l'Afrique et d'y atteindre une croissance économique élevée.

Et à chaque fois je me demande: mais qui le fera ? Qui apportera de la valeur ajoutée aux exportations africaines ? Qui construira ? Qui inventera ? Qui soignera ?

La réponse est évidente : ce sont les jeunes fraîchement diplômés des universités africaines et des instituts de formation. Certes, mais dans ce cas nous avons un problème : il n'y a tout simplement pas assez de diplômés en sciences, en technologie, en ingénierie et en mathématiques (STIM) à l'heure actuelle sur le continent et la qualité des formations est très inégale.

Prenons trois exemples:

Dans le secteur extractif, qui peut former les fournisseurs locaux et apporter de la valeur ajoutée au raffinage des minerais, du pétrole et du gaz ? Vous me répondrez : de jeunes ingénieurs africains, hautement qualifiés, créatifs et animés par l'esprit d'entreprise. Or, le rapport économique sur l'Afrique de 2011, Tirer le plus grand profit des produits de base africains (MMCP en anglais) révèle que le manque de compétences constitue le principal frein pour renforcer le rôle des fournisseurs locaux dans les industries extractives. Il faut donc absolument former plus d'ingénieurs de haut niveau, avec des compétences de gestion d'entreprise adaptées aux besoins du secteur.

L'épidémie Ebola nous montre également l'importance d'avoir du personnel de santé qualifié et formé, des laboratoires d'analyses médicales de pointe et un système de santé performant. Les pays qui en sont dotés ont pu endiguer rapidement l'épidémie.
Au Nigeria par exemple, les chercheurs du Centre d'excellence de l'université de Redeemers dans l'État d'Ogun sont parvenus à confirmer le diagnostic du premier cas du virus Ebola en 6 heures, ce qui a permis de contenir rapidement la propagation de la maladie.

Pour la Banque mondiale, la santé a été l'un des secteurs clés de son appui à l'Afrique subsaharienne ces quinze dernières années. Et c'est sans doute le seul secteur où l'on constate des progrès significatifs dans la formation des médecins, infirmiers, chercheurs, etc. Mais ils doivent être toujours plus nombreux et qualifiés pour assurer un meilleur diagnostic et des soins de qualité en Afrique.

Dans les années à venir, le secteur de l'électricité en Afrique va bénéficier de milliards de dollars d'investissement. Mais qui se chargera de construire les centrales électriques et les réseaux de distribution ? Il faut former dès aujourd'hui les ingénieurs et les scientifiques africains pour répondre aux besoins de développement du continent.

Pour réussir ce défi, il faudra d'abord améliorer les capacités de formation, en créant des milliers de facultés de haut niveau au sein des universités. Les gouvernements et leurs partenaires internationaux devront ensuite accroître leur financement à la recherche et à l'enseignement au niveau Master et doctorat, en particulier dans le domaine des sciences, et technologie de l'ingénierie et mathématiques (STIM). Nous devons faire en sorte qu'il y ait plus de filles qui s'orientent avec succès dans ces filières. Enfin, il nous faudra établir des partenariats solides et un meilleur partage du savoir pour créer une plus grande émulation dans le domaine des STIM.

La Banque mondiale et l'éditeur scientifique Elsevier publient aujourd'hui leur rapport conjoint : Une décennie de développement: la recherche en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques en Afrique subsaharienne. Ce rapport dresse un bilan de l'enseignement supérieur en Afrique et analyse les travaux de recherche scientifique menés entre 2003 à 2012 à l'Ouest, à l'Est et au Sud de l'Afrique. Il souligne à quel point la recherche est un facteur clé pour qu'un pays produise des scientifiques, des mathématiciens et des ingénieurs d'envergure internationale.

L'Afrique progresse incontestablement. Entre 2003 et 2012, la part de l'Afrique dans les travaux scientifiques mondiaux a augmenté de 0,44% à 0,72%. Cela étant, l'Afrique réalise moins de 1% des publications scientifiques mondiale, ce qui demeure bien maigre pour un continent qui abrite 12% de la population de la planète.

Il est donc impératif d'investir dans le renforcement des capacités pour enfin utiliser et adapter le savoir aux problèmes du continent. Sans cela, il y aura moins d'emplois locaux et pas assez de valeur ajoutée en Afrique.

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