Illustration

Géostratégie Africaine : voici pourquoi la France ne peut pas gagner une confrontation militaire directe avec le Cameroun, au Cameroun (Partie 2/5)

Magazine Articles Management  Afrique
Partager sur Partager sur Facebook   Partager sur X (Twitter)   Envoyer à un ami
Annonce Sponsorisée

Leçon de Géostratégie africaine n° 70

VOICI POURQUOI LA FRANCE NE PEUT PAS GAGNER UNE CONFRONTATION MILITAIRE DIRECTE AVEC LE CAMEROUN, AU CAMEROUN. Partie 2/5

De Jean-Paul Pougala

En février 2014, j'ai eu la désagréable surprise en rencontrant la communauté camerounaise dans les restaurants camerounais du quartier Château rouge à Paris de découvrir qu'il y avait comme un mot magique dans la bouche de mes interlocuteurs camerounais qui voulaient m'épater ou me démontrer qu'ils comptaient pour quelque chose ; et c'était la phrase : « j'ai rendez-vous à l'Élysée ». Pour ces personnes, jamais la question n'était posée de savoir en quoi ils comptaient dans la politique ou l'économie du pays où ils payaient leurs impôts, la France. Mais, c'était juste important d'avoir participé à un gala ou un meeting à la présidence de la République française. Et les présidents français ne s'en privent pas. C'est ce qui va expliquer une certaine arrogance dans leurs propos et une certaine condescendance lorsqu'ils parlent de l'Afrique. Le dernier en date est le 11 mai 2014, lorsque le président Hollande depuis Bakou dans le Caucase où il se trouve en visite officielle, comme solution à la secte Boko Haram au Nigeria, publie un communiqué pour proposer un forum avec les chefs d'État africains devant se tenir à Paris le samedi suivant, soit le 17 Mai 2014, pour parler de la sécurité en Afrique. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais, j'ai mis des heures à chercher le lien de cette proposition avec le kidnapping des 200 lycéennes du Nigeria, pour lesquelles il convoquait le séminaire, et je n'ai pas trouvé. Qu'importe, lui-même savait qu'il n'y avait aucun lien, mais qu'inviter les présidents africains à Paris, c'était plutôt chic et ces derniers allaient certainement courir pour venir, même sans regarder derrière, comme on le dit au Cameroun. Et sans surprise, ils ont tous répondu « présent Monsieur », comme on le faisait à l'école primaire. Je me suis demandé si à l'Elysée on partage des bonbons à ces « écoliers » africains. Le président Hollande l'avait déjà fait en décembre 2013 et ils sont tous venus, sans que cela contribue dans une faible mesure à éviter ces faits de sécurité au Nigeria. Mais qu'importe, le maître a parlé. C'est le même scénario honteux qu'on fait
tous les ans pour les humilier au sommet du G8 devenu G7 et ponctuellement, ils courent sans regarder derrière. Cela uniquement parce que quelqu'un a génériquement promis de résoudre tous leurs problèmes, sans qu'ils se demandent si celui qui fait cette promesse a réussi à appliquer sa recette chez lui et à s'aider lui-même d'abord.

MAIS QU'EST-CE QUI EXPLIQUE CETTE SUBALTERNITE ENFANTINE DE CERTAINS DIRIGEANTS AFRICAINS A LA FRANCE ?

A cette question, vous ne trouverez la réponse dans aucun livre d'histoire, puisque tout est secret, confidentiel. Alors, nous devons utiliser une technique infaillible que les historiens utilisent largement pour venir à bout de certains secrets d'Etat. Et ça marche à tous les coups. Cette technique consiste à guetter les Mémoires des personnes impliquées dans les faits qu'on veut analyser. Et la chance veut qu'en 2004, un livre est publié aux Editions du Seuil à Paris, avec un titre très évocateur : « Ministre de l'Afrique », d'un certain Maurice Robert. Pour savoir qu'il s'agit d'un livre d'une importance capitale, il faut savoir qui est cet anonyme Maurice Robert. Il est un ancien responsable Afrique du Sdece, les services secrets français et ce livre n'est pas un roman racontant de la fiction, mais ses Mémoires relatant des faits avérés. Nous allons ainsi découvrir dans ce livre comment les chefs d'Etat Africains sont contrôlés par la France et ne sont nullement libres de leurs mouvements. Pour y parvenir, Robert nous raconte sa propre vie professionnelle comme espion en Afrique pour surveiller les chefs d'Etat Africains. Il nous explique dans son livre comment il y parvient : il crée d'abord une structure qu'il baptise lui-même PLR pour Poste de Liaison et de Renseignement. Le PLR a deux fonctions : former les espions du pays africain où il est installé, mais c'est surtout son deuxième rôle qui nous intéresse : « surveiller les activités du Président de la République, local, auquel il a accès 24h/24 ». Le seul fait d'avoir accès à un chef d'Etat africain 24H/24 par un espion français est la preuve que ce dirigeant ne peut pas sous quelque prétexte que ce soit, s'écarter de la ligne de l'administration qu'on attend de lui à Paris ou à Londres, puisque les Britanniques vont utiliser les mêmes systèmes pour contrôler les dirigeants des pays africains anciennement leurs colonies. C'est aussi la preuve que parler de démocratie en Afrique est un véritable leurre et tous ces débats et tiraillements entre le parti au pouvoir et l'opposition n'est qu'un cirque bien structuré où chacun crie selon les décibels que la France ou le Royaume Uni leur ont accordés au préalable. Tout cela avec son cortège de journalistes et pseudo experts qui vont avec, expliquant les élections 2 ans avant qu'elles ne se tiennent comme étant le miracle qui va tout changer et continuant à l'expliquer 2 ans après leurs tenues que c'est un tel ou un autre tel à tel poste ministériel qui ferait le bonheur de tous les citoyens. L'espion français Robert, le vrai metteur en scène de toute cette comédie, nous explique dans son livre qu'il en a décidé autrement et donc que tout ce charabia qu'on voit à longueur de journée sur les plateaux de télévision parlant d'Afrique ne sont que des bruits pour faire tourner ces télévisions.

Robert va plus loin. Il nous explique que le PLR est accompagné dans son travail par un juriste français avec les fonctions occultes de conseiller juridique du chef d'Etat africain. En réalité, selon Monsieur Robert, son vrai rôle est celui de se charger de tout l'enfumage avec les mots juridiques appropriés qui vont occuper, mouvementer et rythmer la scène politique du pays africain. Et avec tout cela, comment le Cameroun peut-il battre la France sur le plan militaire ?

En 2008, survient quelque chose qui va venir modifier la donne, et cette chose s'appelle « la crise économique et financière ».

Dans le rapport de force entre les pays européens et l'Afrique, qui semblait figé entre maîtres et esclaves, la crise économique des années 2008/2009 a eu pour effet positif de contribuer à donner à certains pays africains le courage qui leur manquait pour arracher leur vraie indépendance. C'est dans ce contexte que des stratèges camerounais vont profiter d'une France affaiblie par cette crise économique pour marquer des points pour une indépendance irréversible du Cameroun de la France. Leurs actions vont nous amener à tronquer la citation de Rousseau de tout-à-l'heure en deux pour ne rester qu'avec la première partie, c'est-à-dire :

« Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître ».

Avec les analyses qui vont suivre, je vais vous démontrer qu'entre le Cameroun et la France, les apparences peuvent être trompeuses, car les stratèges camerounais ne se sont pas arrêtés en si bon chemin de la première partie de la citation de Rousseau. Ils sont allés plus loin et, à mes yeux, celui qui symbolise le mieux ce parcours est un penseur de la renaissance britannique, un certain Hobbes (1588-1679) qui écrit en 1651 dans son livre sur la théorie de la souveraineté, « Le Leviathan » ceci :

« Le plus faible a assez de force pour tuer le plus fort ».

A suivre...

Et vous ? Qu'en pensez-vous ?
Faites nous part de votre réaction en laissant un commentaire.
Je donne mon avis
Partager sur Partager sur Facebook   Partager sur X (Twitter)   Envoyer à un ami