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Les souvenirs de la petite enfance s'effacent à partir de 7 ans

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AMNÉSIE. Jusqu’à quand peut-on remonter pour évoquer ses plus anciens souvenirs ? La plupart des personnes ne peuvent se remémorer des événements vécus avant l’âge de 3 ans.

Les neuropsychologues nomment "amnésie infantile" cette incapacité à récupérer des souvenirs autobiographiques datant des toutes premières années de vie. Mais à quel moment ces événements s’effacent-ils ? Pour le savoir, des chercheurs de l’université Emory (Atlanta, États-Unis) se sont intéressés à 83 enfants âgés de 3 ans.

Au fur et au mesure que l'enfant grandit, sa mémoire devient plus sélective, effaçant les événements vécus avant l'âge de 3 ans. Olivier Foulon/PlainPicture

Leur capacité à se rappeler des événements a été évaluée pendant plusieurs années

Dans un premier temps, ils ont demandé à leurs parents de les interroger pour leur faire évoquer six souvenirs correspondant à des événements datant de moins de six mois, comme une fête d’anniversaire ou une visite au zoo. Chaque souvenir était dûment consigné par les neuropsychologues. Puis, ces enfants ont été répartis en plusieurs groupes et leur capacité à se rappeler des événements a été évaluée pendant plusieurs années lorsqu’ils avaient atteint l’âge de 5, 6, 7, 8 et 9 ans.

Alors que les enfants âgés de 5 à 7 ans se souvenaient de 63 % à 72 % de ce qu’ils avaient vécu avant leurs 3 ans, les enfants de 8 et 9 ans ne parvenaient à se remémorer que 35 % de ces événements. Toutefois, la mémoire des plus âgés était plus précise et plus riche que celle des plus jeunes, davantage éparse et aléatoire.

Pour les chercheurs, cela tient sans doute au fait que, plus l’enfant avance en âge, plus il lui devient facile de décrire verbalement les détails sur le lieu et le moment où il vit les choses. Il apprend également progressivement à utiliser un calendrier pour mieux appréhender les jours de la semaine et les saisons.

La faculté d’oubli est aussi importante que la mémorisation

Au terme de l’étude, les chercheurs s’accordent à dire que 7 ans est l’âge où les souvenirs de la prime enfance commencent à s’estomper. Cet effacement progressif permet la mise en place d’une mémoire autobiographique plus concrète et plus complexe.

Ces résultats plaident en faveur de l’idée selon laquelle le développement de cette mémoire — celle qui permet de dater nos souvenirs et de forger au fil du temps notre sentiment d’identité et de continuité — repose tout autant sur des facultés d’oubli que sur des processus de mémorisation.

"Savoir comment la mémoire autobiographique se construit est important pour la compréhension de nous-mêmes, souligne Patricia Bauer, qui a dirigé cette étude. Se souvenir de notre passé constitue ce que nous sommes aujourd’hui."

Article paru dans le numéro 805 de Sciences et Avenir

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