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Langues Nationales et TIC: « Nous voulons relever le défi de l’articulation fonctionnelle entre les langues nationales et les TIC »

News Sur les Campus  Dschang, Ouest, Cameroun
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Dr Jean Romain Kouesso : « Nous voulons relever le défi de l'articulation fonctionnelle entre les langues nationales et les TIC »

Le programme « Ecoles Rurales Electroniques en Langues Africaines » (ERELA) a organisé son stage de formation 2014 du 28 juillet au 16 août à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Dschang. Le Dr Jean Romain Kouesso, enseignant au Département d'Etudes Africaines à l'Université de Dschang et président du comité d'organisation, revient ici sur l'intérêt de cette formation.

Dr Kouesso J.R
Dr Kouesso J.R

Vous avez organisé à partir du 28 juillet 2014 un stage de formation en langues nationales dans le cadre des activités du programme ERELA : c'est quoi, ERELA ?

ERELA c'est l'acronyme de « Ecoles Rurales Electroniques en Langues Africaines ». Il s'agit d'un projet né en 2005 à la veille du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) en Tunisie. Il a été initié par le regretté Professeur Maurice Tadadjeu qui tenait à relever un défi : montrer que les langues africaines peuvent être accessibles à travers les technologies de l'information et de la communication. Jusque-là, l'on pensait que seules les langues européennes, les « grandes langues », pouvaient être présentes dans les réseaux de TIC. Ce projet était soutenu par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique. C'est à partir de 2006 que sa mise en œuvre est devenue effective. Au début, deux langues (l'Ewondo et le Yemba) avaient été ciblées ; des écoles pilotes avaient également été ciblées pour abriter les formations. En 2006, il était question de former un noyau de personnes, notamment des enseignants et des chercheurs aguerris. Mais cette année, il s'est agi d'un stage ouvert.

Quelles seront les activités mises en œuvre pendant cette formation ?

La formation ERELA-Dschang 2014 est la première édition du genre. Elle fait suite au séminaire organisé en 2013. Au cours de ce séminaire, les participants avaient émis le vœu de voir un stage ERELA organisé à Dschang parce que les stages avaient jusqu'ici été organisés à Yaoundé et à Bangangté. La formation était structurée autour de deux ateliers : dans le premier (Linguistique et Engineering), les participants ont été initiés à la programmation informatique en langues nationales. Dans le second atelier, les participants ont été imprégnés à l'utilisation des outils, des méthodes et des stratégies d'enseignement des langues assisté par ordinateur en milieu multilingue. Au cours de la formation, il y a eu des cours magistraux (méthodologie, approches pédagogiques) ; des cours de pratique d'enseignement où les participants ont pu mettre en pratique ce qu'ils ont appris. Enfin, il y a eu des cours de pratique des langues maternelles. Les stagiaires ont appris à écrire, à lire et à s'exprimer dans leurs langues respectives.

Quelles étaient les cibles de ce stage ?

Les enseignants des écoles maternelles, primaires et secondaires, les étudiants et cadres des comités de langues (alphabétiseurs). Il intéressait également des communicateurs en langues nationales dans les médias radiodiffusés ainsi que toutes les personnes intéressées par la question. Au niveau du staff ERELA, nous avons eu des experts en Ingénierie appliquée aux langues nationales (Mme Seuleu Lydie, Ingénieure Informaticienne ; Mme Ngoumamba Laurence, Coordinatrice technique du programme ERELA et Mathurin Soh, Informaticien) et en linguistique et pédagogie des langues nationales (Pr. Sadembouo Etienne, Pr Zachée Denis Bitjaa Kody, Pr Mba Gabriel, Pr Ebobisse Carl, Pr Nforbi Emmanuel, Dr Kouesso Jean Romain, M. Kamwa Kamdem Jérémie, Mme Voutsa Demanou Léopoldine et M. Akenmo Pierre Marie).

Quel est l'intérêt de cette formation ?

En participant, les stagiaires ont pu maitriser l'usage des langues nationales dans les réseaux informatiques et via les médias. Ils ont pu également renforcer leur capacité de communiquer dans/sur les langues africaines. Les enseignants ont pu apprendre à utiliser les ressources TIC pour dispenser les cours.

Parlant des TIC, que faut-il faire pour que les langues nationales soient présentes sur les réseaux internet ?

Il faut numériser les contenus d'enseignement, numériser les structures linguistiques des langues. C'est ce que nous nous attelons à faire à ERELA.

Quels sont les défis à relever pour que cette numérisation des langues nationales soit effective ?

Au niveau des structures linguistiques, il faut s'assurer que les langues camerounaises soient standardisées, il faut normaliser l'écriture des langues camerounaises. Certes, plusieurs langues disposent des alphabets mais cela ne suffit pas. Les orthographes de ces langues doivent être utilisées comme tels et acceptés chez les usagers. Etant donné que les langues camerounaises sont multi dialectales, il faut résoudre le problème des variations dialectales. Il y a également le défi de l'accès aux ressources informatiques (ordinateurs, imprimantes, appareils photographiques, etc.). Par ailleurs, il y a les défis liés à l'apport des instances étatiques en charge de cette question. L'Etat doit soutenir matériellement et financièrement ce processus. Enfin, il y a le problème de l'appui communautaire car les Camerounais ne prennent pas encore à leur propre compte la question du développement de leurs langues. Ils ne sont pas encore suffisamment conscientisés sur ces questions.

Entretien mené par U.T

UDs/SIC - 19/08/2014 - Université de Dschang

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