Les malfrats sèment la panique chez les taximen

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Valérie T. revient de loin. Il a passé une nuit que « je n’oublierais jamais. Je suis même traumatisé », affirme-t-il à son auditoire attentif à l’histoire racontée. Dans la nuit du vendredi 14 février 2014, ce chauffeur de taxi exerçant dans la ville de Yaoundé a été victime d’une agression. « J’ai porté des gens au niveau de Terminus Mimboman qui m’ont pris en dépôt pour Bastos. Là, je ne sais pas, parce que pour dire vrai j’avais un itinéraire dans ma tête. A un moment, l’un d’eux m’a demandé, si je pouvais revenir par la poste centrale où ils devaient prendre je ne sais plus quoi. J’ai répondu vous êtes les patrons ». Dès lors les termes du contrat initial changent et le dépôt se mue en course. Jusqu’au moment où, Valérie sent une pression à la gorge tandis que le volant quitte ses mains. « Et là, j’ai entendu celui qui était assis devant me dire : « Petit, on ne te veut pas de mal. On a seulement besoin de ta voiture pour une opération. Je sentais aussi quelques choses de froid au niveau de mon cou. Peut-être une arme à feu ou un couteau… ».

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Valérie T. est ligoté, puis jeté dans une broussaille. C’est seulement au petit matin qu’il sera découvert et libéré par des promeneurs. Sa voiture est retrouvée en fin de journée le lendemain. Par crainte de représailles, Valérie ne souhaite pas s’étendre sur les lieux. « J’ai peur qu’en racontant mon histoire dans la presse avec les détails, ils me reconnaissent et me tendent un piège pour me tuer », justifie-t-il. Victime d’une agression similaire dans la nuit du samedi 15 février, Simplice Negou a eu moins de chance. Son corps sans vie a été découvert par des riverains à Nkolbisson dans l’arrondissement de Yaoundé 7 (Cf. Le Messager du Mercredi 19 février 2014). Ce natif de Baleng dont les obsèques ont eu lieu ce week-end semble avoir été torturé avant d’être assassiné. « On lui a fait avaler ses vêtements. En tirant pour l’enlever, on avait l’impression que ces habits lui étaient rentrés jusque dans l’estomac », raconte un voisin qui a participé à la recherche. Lequel conclut que le taximan est décédé par étouffement.

Modus operandi

D’après un autre, l’aspect du corps montre que ce dernier aurait opposé de la résistance aux malfrats qui ont probablement voulu emporter la voiture. « Il ne voulait pas aller en prison parce que accusé par son patron d’avoir peut-être vendu la voiture ou d’être complice ». Selon Arnaud Philippe, taximan dans la ville de Yaoundé, le mode opératoire des malfrats qui ciblent en priorité les taximen est quasiment le même : Deux gars prennent le taxi. Soit en course, dépôt ou alors sur une distance pas très longue. « Du genre deux places, 200Fcfa, laisse-nous là-bas. Un monte devant et l’autre se met juste derrière le chauffeur. Celui de derrière te met la clé 14 et l’autre prend le volant. Et là, même si tu fais quoi, tu ne peux pas t’en sortir », explique-t-il. Dans les commissariats visités dans le cadre de ce reportage, les policiers rencontrés ne sont pas prolixes. «Le commissaire n’est pas là, on ne peut pas vous donner de chiffres», rétorque l’un d’eux. Il reconnaît cependant avoir eu connaissances de quelques cas. Et conseille la prudence «surtout lorsqu’on fait le transport de nuit».

Mais pour Arnaud, «c’est imprévisible. Tu ne sais pas qui est qui !» Ce conducteur avoue cependant pour se prémunir ne pas conduire la nuit. «À 21h, je ne suis plus dehors». Et croit savoir que les types de voitures visées par les gangsters sont les « Carina E, les 92, 93 » pour la simple raison qu’elles: « n’ont pas encore six mois ». Toutefois concède-t-il, il y a une catégorie de malfrats qui ne regardent pas la marque de la voiture pourvu que celle-ci soit encore en bon état. Dans ces cas, « c’est pour des opérations précises. Ceux-ci ne tuent pas. Seulement si tu durcis ». Quoi qu’il en soit la prudence est de mise!