Equilibre régional : L’illusion de l’équité - Actualité
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Equilibre régional : L’illusion de l’équité

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Le scandale du concours d'entrée en filière diplomatie à l'Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) est encore gravé dans les esprits des Camerounais. Le ministre de l'Enseignement supérieur Jacques Fame Ndongo a utilisé l'équilibre régional pour justifier les «tripatouillages» des résultats. On peut recenser plusieurs autres cas de favoritisme qui ont marqué notre société. Partout, dans le gouvernement, les administrations, les entreprises, les grandes écoles prévalent des critères de représentativité. Ce critère de représentativité s'allonge tous les jours dans les universités, au sein des forces de défense et dans la police.

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Institué au lendemain de l'indépendance, ce système de quotas est aujourd'hui source de multiples dérives.

Cette « discrimination positive » ou « méritocratie régionale » substituée à l'égalité des droits a été construite au lendemain de l'indépendance afin de réduire les inégalités régionales et ethniques dans les administrations. Son application a certes participé à la mise en place d'une société diversifiée et à l'intégration des différentes composantes sociologiques du Cameroun. Mais au fil des temps, des dérives se multiplient. Le politique instrumentalise cette «répartition» à des fins diverses. Ce Cameroun proportionnel est déjà dépassé confie M. Claude Abe. Ce sociologue explique que «l'équilibre régional est aujourd'hui un gros mensonge bien entretenu pour aider la classe gouvernante à se reproduire elle-même».

L'exemple du dernier concours de l'Iric est un cas flagrant qui a sans doute brisé la construction de l'unité nationale. M. Claude Abe est sans réserve: «l'équilibre régional met à mal l'unité nationale dans la mesure où certaines personnes sont favorisées au détriment d'autres». Ce système de quotas occasionne un « illégalisme » et crée «beaucoup de frustrés qui peuvent lever une armée de frustrés». Plusieurs jeunes rencontrés dans les universités de Yaoundé I et de Yaoundé II-Soa ne cachent pas leur amertume. Ils pensent que le Cameroun proportionnel est un faux prétexte pour placer les enfants des riches dans les grandes écoles et dans les postes les plus prestigieux dans l'administration. Ils évoquent des cas d'équilibre régional à tête chercheuse dans plusieurs concours.

«Le Cameroun a besoin d'être construit et dirigé par des personnes compétentes qu'il s'agisse de Bamiléké, des Douala, des Bulu ou des Kanuri, cela ne me gêne en rien, pourvu que le pays marche», précise le sociologue. Cette «bêtise institutionnelle» camerounaise substituée au mérite met fin à la société du citoyen au profit d'une société de l'individu, observe-t-il.

Ibin Hassan - Mutations

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