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'Le tribalisme, une réalité sociologique mais pas sociale au Cameroun !'

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Le tribalisme est une réalité au Cameroun, mais c’est un mal dont on peut venir à bout sans chirurgie, ce n’est pas une tumeur qui demande la présence d’un médecin ! Nous devons prendre du recul par rapport à tout ce que nous entendons, à ce qui se projette très souvent sans nous, imposé par des impératifs de division savamment orchestrée dont personne ne doute de l’objectif ultime : faire croire aux Camerounais qu’ils se détestent…

Les Camerounais ne se connaissent pas et vivent très loin les uns des autres parce les moyens de communication font défaut. Un exemple parmi tant d’autres : il manque des écoles, écoles qui devraient permettre la rencontre de l’Autre et avec l’Autre. De mon point de vue, il n’existe en réalité que deux ethnies ou deux tribus au Cameroun : celle des riches et celle des pauvres, celle de l’élite et celle des va-nu-pieds. S’y est ajoutée une nouvelle ethnie, celle des créateurs de haine, de ceux et celles qui appellent les innocents à s’entretuer. Ceux-là parcourent le pays avec des billets de banque, de peu de valeur, une goutte d’eau pour eux, mais de valeur incommensurable pour le petit peuple, avec le sourire de nuit comme de jour, c’est l’ethnie des chefs de guerre ! Elle est minoritaire, mais elle règne sur l’ensemble du pays parce qu’elle contrôle tous les moyens de communication, les richesses et leurs moyens de production. Cette pratique contrairement à ce que nous pouvons penser relève de la psychologie inter-mentale et non de la sociologie. Au final ce qui en découle est anti-social, une véritable construction du désaccord qui ne saurait constituer un lien social.

Les hommes et les femmes deviennent des objets quand ils perdent tout espoir de s’en sortir, et c’est le cas au Cameroun. Il y a certainement autre chose à proposer quand on voit des hommes et des femmes s’entretuer comme c’est le cas depuis quelques semaines à Balinkumbat.

De quoi s’agit-il ? Ce sont des éleveurs qui se battent contre des cultivateurs, des nomades contre des sédentaires ; L’ethnie est secondaire dans ces conflits. Ce qui est central c’est la lutte contre la misère et pour cela, l’État doit jouer son rôle d’organisateur, c'est-à-dire celui de structurer la société, de réorganiser la propriété foncière au Cameroun.

Le Cameroun doit entrer de plain-pied dans la modernité sous peine de s’autodétruire. Nous sommes ceux qui peuvent le faire aujourd’hui parce que, visiblement, personne ne l’a pensé. Nous devons également faire face à une paresse intellectuelle manifeste qui consiste à penser qu’en Afrique les conflits et les rivalités n’ont pour seule et unique origine que l’ethnie et la tribu ; Nous devons avoir d’autres références et celles-ci ne peuvent être qu’endogènes ; C’est pour cela que nous encourageons la recherche.


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Vincent-Sosthène Fouda

Le Cameroun est une terre en friche pour les recherches socio-anthropologiques. Les ethnologues ont ici de quoi travailler, mais depuis les décès de Jean Pierre Ombolo notamment, les études ethnologiques sommeillent au Cameroun et nous partons et nous appuyons sur des conclusions tirées par d’autres pour nous dire ! Il est temps de dire qui nous sommes à partir de recherches empiriques capables de contester ce qui nous est imposé. Le tribalisme est un construit sociologique mais pas une réalité sociale dans notre pays.


Il y a des pauvres et il y a des riches, tout le monde peut le voir, ceci est patent. D’autres parleront de lobbies, de loges et autres, et à côté, vous avez des miséreux tenaillés par l’indigence qui elle n’a ni tribu ni ethnie. Quand vous allez dans les hôpitaux personne ne vous demande votre carte ethnique, mais si vous avez un billet de banque, vous avez votre laisser-passer, car c’est lui qui conditionne l’accueil qui vous sera réservé. Les coupures d’eau, les délestages d’Aes-Sonel, les accidents de la route, le manque d’écoles, la décadence du système éducatif, etc. tout ceci obéit à cette logique.

La théorie de la norme et de l’écart d’Hubert Mono Ndzana en économie a toute sa place ici qui affirme que dans notre pays nous avons écarté la norme et normalisé l’écart ; Nous trouvons avant d’avoir cherché, nous dressons les populations les unes contre les autres au quotidien afin de mieux les asservir. Une société doit se construire des valeurs, elle doit se donner des normes et se fixer des frontières en dehors desquelles les sanctions doivent s’imposer.

Nous assistons à une floraison des textes haineux, notamment dans les journaux en ligne. Alors, nous devons nous poser la question de savoir pourquoi les DP des journaux en ligne donnent autant de place à ceux dont le seul mérite est de déconstruire le nous-commun, ce sur quoi est assis le nom et l’institution Cameroun.

L’instrumentalisation de la tribu et de l’ethnie pour le triomphe de la haine de l’autre y compris dans les morgues et les cimetières de notre pays est dangereuse. Il est temps que chacun d’entre nous en prenne conscience ! Cela va au-delà de la politique et des politiques, c’est une affaire de responsabilité sociale et sociétale.

Vincent-Sosthène Fouda, Journal du Cameroun

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