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Opinion: Pourquoi écrivons-nous? Camerounais, dis-moi tes valeurs et je te dirai qui tu es !

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L’ère de la littérature coloniale est loin derrière nous, la littérature postcoloniale a aussi fait son bonhomme de chemin. Cet inventaire était nécessaire ! De Césaire à Mongo Beti nous avons eu le temps de nous dresser pour enfin nous poser la question « Nous Camerounais qui disons-nous que nous sommes ? Et que devons-nous devenir ? » Nous nous projetons vers et dans des écrits créatifs qui manifestent le génie de cette république jeune, en construction mais une construction qui ne doit pas demeurer permanente. Les fondations sont posées, il est temps d’élever les murs. J’ai toujours pensé que le Cameroun est l’Athènes des temps nouveaux. Que de richesses dans ce triangle ! Elles sont d’abord humaines, religieuses, topographique ou géographique, elles sont culturelles. Mais comment y arriver ? A l’étonnement doit succéder l’effort de compréhension et le travail. Quand un peuple est constitué d’égoïstes, alors la Nation entière sombre dans l’esclavage. Chaque homme pris individuellement, quel que soit la société est bien incapable d’ébranler les gouvernements établis. Le Cameroun semble atteint d’une espèce de langueur qu’on remarque chez les vieilles Nations (qui certainement, ont tout eu par le passé) et qui doutent d’elles-mêmes aujourd’hui. Le Cameroun doute de son histoire parce qu’il s’est arrangé à effacer son passé, il doute de son présent et peine à se projeter dans l’avenir parce qu’il a empoisonné son propre destin. Le Cameroun peine à se tenir debout par lui-même et est incapable de saisir ferme les béquilles qu’on lui présente. Nous possédons pourtant 9 à 10 fois la population que nous avions quand nous opposâmes une farouche résistance à la pénétration allemande sur nos territoires. Qu’étions-nous en 1947 à la naissance du premier parti nationaliste camerounais l’UPC ? 

Sur le plan de notre existence individuelle je doute fort que les camerounais manquent d’optimisme et c’est peut-être là que réside le problème aujourd’hui. Nous assistons à la montée d’une double négation : la montée de l’individualisation se fait en même temps que la montée de l’individualisme. Aux Camerounais je dis « dis-moi tes valeurs et je te dirai qui tu es ». Selon cette maxime, la connaissance de ce qui oriente et motive profondément un individu permet de comprendre son identité. Celle-ci, devons-nous le rappeler ici, s’exprime dans un ensemble de valeurs et de croyances, qui ont une certaine stabilité, et qui sont des guides pour l’action. Chacun d’entre nous prétend donc agir en fonction de ce qu’il croit et des valeurs auxquelles il tient. Mais les valeurs d’un individu ne sont pas seulement les siennes. Chacun adopte des valeurs en puisant dans le stock disponible légué par une famille, un environnement culturel, une société issue d’une longue histoire. Les valeurs des Camerounais n’ont que trop vite évolué depuis la découverte de ce territoire en 1472 jusqu’à nos jours. Les écrits ethnologiques et anthropologiques n’ont plus droit de cité ici. L’habitant à la solidarité légendaire que les caméras du monde entier recherchèrent jadis a cédé la place à l’homme moderne individualiste voire égoïste. Les faits de sociétés qui nous viennent à l’esprit sont là au quotidien pour nous le rappeler. Le 08 août 2012, le Cameroun est traversé par une onde de choc, deux jeunes enfants de sexe féminin, sont déposées dans une morgue de Douala mortes violées, les auteurs sont identifiés et jusqu’aujourd’hui rien n’a été fait pour que les coupables rendent compte à la Nation toute entière... 

Le mardi 9 juillet 2013 la juge Flore Patience Ngaga mère de famille en service au tribunal d’Ekonou me condamnait à 4 mois de prison avec sursis pendant 3 ans et à 127.800 FR d’amende pour m’être insurgé contre le trafic des nourrissons au Cameroun. Le silence du peuple vint entériner la sentence ! Le 21 août 2007 un étudiant de 30 ans Djomo Pokam est défenestré d’un étage du Hilton Hôtel en plein cœur de la capitale politique du Cameroun, 6 ans après la justice et le peuple sont toujours dans un mutisme complice ! A ces crimes de sang, il faut ajouter la grande paupérisation du peuple pendant qu’une infime minorité s’empiffre des richesses du pays. Les budgets publics sont détournés au quotidien et les auteurs de ces détournements ne sont que très peu inquiétés. Les lycées et autres établissements scolaires et hospitaliers fictifs sont réceptionnés par les pouvoirs publics sans une onde d’émotion de part et d’autre. 

Oui les valeurs des camerounais ont changé assez rapidement même si nous nous appuyons sur des enquêtes ethnologiques pour le dire ici, plutôt que sur des enquêtes quantitatives. Les lourdes tendances de l’individualisme s’imposent, et quand nous parlons d’individualisation il s’agit de la montée d’une culture de choix où chacun affirme son autonomie, sa capacité d’orienter son action sans être contrôlé et contraint. Les Camerounais apparaissent donc comme une population égocentrique, comme des personnes nombrilistes et qui quand ils s’élèvent et entrent dans le cercle fermé de la minorité régnante, ils sont gagnés par la dictature du relativisme. Voilà qui justifie à coup certain le recul des trois religions autrefois dominantes, elles n’ont plus de prégnance sur les consciences. Ce que nous pouvons appeler le mouvement de sécularisation de la société contribue fortement à cette affirmation de l’autonomie individuelle mais on se serait attendu à mieux. La dictature du « chacun pour soi » a gagné toutes les sphères de la société ; 

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© Dr Vincent-Sosthène FOUDA | Correspondance

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