Les femmes désirent-elles vraiment les hommes ? C’est la question que soulève l’essayiste Elisa Brune, mettant ainsi à jour la réalité du désir féminin. Erotiser le mâle, son corps, son sexe, pourrait bien être les nouvelles clés d’une sexualité épanouie.
Le désir des femmes est-il mu par le corps des hommes ? Qu’éprouvent-elles pour leur sexe ? Alors que la plastique de la femme est au centre du désir masculin, l’inverse ne va pas forcément de soi. Leur attrait charnel pour l’homme semble encore muselé. Des verrous posés sur leur désir persistent, sans doute par la peur persistante de passer pour des femmes de petite vertu. Si les tabous sont en passe de sauter, il reste encore du chemin à faire…
Erotiser le corps masculin
“Le rapport au corps masculin est inhibé, toujours à l’heure actuelle” témoigne Elisa Brune. Un constat qui s’est imposé au fil des récits qu’elle a recueillis. “Quand on leur demande ce qui les excite chez un homme, les réponses sont assez floues !” ajoute l’essayiste. Les femmes restent fleur bleue, elles évoquent leurs yeux, leurs mains, leurs épaules… Plus à l’aise avec le sentiment amoureux, dont elles peuvent décrire l’émoi avec une incroyable richesse, elles semblent manquer d’appétit pour le corps masculin. Les plus “coquines” peuvent nommer d’emblée les fesses, mais le sexe remporte rarement la palme.
Les difficultés à érotiser le corps de l’homme, et qui plus est sonpénis et l’érection. Quand ce n’est pas du rejet. En vérité quand on les pousse dans leur retranchement, certaines le qualifient même de laid, flasque ou répugnant. Si les femmes ont parcouru un incroyable chemin vis-à-vis de leur sexualité et de leur corps, leur désir charnel pour le mâle s’avère majoritairement à réhabiliter.
Libérer la puissance érotique du corps masculin
A l’origine de ce trouble vis-à-vis de l’homme, de nombreux tabous bien vivaces autour du désir féminin. Comment pouvoir reconnaître, assumer que les mâles sont bougrement excitants, alors que la notion même de désir est de nature masculine ? “Hier comme aujourd’hui, l’objet du désir est encore la femme, ses seins, sa bouche, son « cul »” commente Elisa Brune. Ce sont toujours elles qui majoritairement érotisent le regard de l’homme, avec leur propre corps, et rarement le contraire. Certaines exercent même un pouvoir sur eux, avec leurs formes. Pourtant, l’essayiste est formelle : c’est le symptôme d’une position de passivité : “Il y a comme un verrou qui n’a pas sauté. En niant la puissance érotique du corps masculin, les femmes ne sont pas le sujet de leur désir“.
Hormis quelques exceptions, bien sûr. C’est le cas des femmes Couguar, qui elles ont bien compris qu’un homme était excitant, qui plus est quand il est jeune, fringant et viril. Et celui de rares vraies libertines. Quant aux adeptes des sex toy, clamant à qui veut l’entendre, leur libération sexuelle et le droit au plaisir, elles ont “designé” le sexe de l’homme, en gommant l’aspect charnel, sauvage et relationnel. Les femmes ont été tant occupées à se réapproprier leur corps, leur sexe et leur orgasme, que la révolution s’est presque quasiment faite à l’insu de l’homme.
Comment érotiser le corps de l’homme ?
Un regard plein de gourmandise, une envie irrépressible de le toucher, le lécher… “Pour une femme qui assume pleinement son désir, le corps de l’homme évoque un foisonnement de détails, une sorte de richesse sémantique, poétique, ou crue, selon” affirme Elisa Brune. Delphine, par exemple, se réjouit du spectacle des délicieuses bourses. Camille aime reluquer leur quincaillerie parfois courte et trapue, satinée ou longiligne… Marine appelle le cul de son amant, son trésor inca.
“Ce regard érotique est une clé déterminante pour entretenir le désir” insiste l’essayiste. “Pour à nouveau ouvrir les yeux et éduquer son regard, il faut commencer par exercer une attention inhabituelle” ajoute notre expert. Regarder, décrire, peindre, dessiner, placer le corps de l’homme au centre du désir. Posez-vous la question. Qu’est-ce qui vous excite, attise votre désir de femme pour sa virilité ?
L’érection également est à revisiter. Là encore les femmes ne sont pas si à l’aise. Elle est encore perçue comme menaçante. “L’hypertrophie de la composante affective et émotionnelle du désir féminin, a presque évincé celle plus sexuelle d’un sexe érigé, et de son pouvoir d’excitation” affirme Elisa Brune. L’érection reste taboue, frileuse, déboussolée, et pour finir perverse, déplore L’essayiste. Sa proposition ? Il faudrait la photographier, la dessiner, la filmer, l’écrire, la chanter, la sculpter… pour qu’enfin réapparaisse le corps de l’homme, désirable, et désiré, excitant, puissant, enchanteur, entre idole barbare et succulent amant.