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Le cancer, bientôt détectable chez soi en une heure ?

Magazine Santé & bien être
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Des chercheurs de Harvard proposent de dépister le cancer colorectal selon le principe du test de grossesse, en urinant sur une bandelette de papier. 

Dépister un cancer comme une grossesse, par un simple test urinaire. Idée loufoque? Pas totalement: des scientifiques du Massachusetts Institute of Technology (MIT) y travaillent très sérieusement et viennent même dedéposer un brevet dans ce sens.

L’idée de départ était de développer un test de dépistage rapide, peu coûteux et surtout facile d’utilisation, sans recours à un laboratoire biologique ou à un centre d’imagerie médicale. Autrement dit, un test parfait pour les habitants des régions rurales, notamment dans les pays en voie de développement. Mais comment ne pas penser à une utilisation beaucoup plus large si la technique faisait vraiment ses preuves?

Pour y parvenir, les scientifiques ont cherché un moyen de détecter sur une simple bandelette de papier imprégnée d’urine, des molécules spécifiques de la maladie. Pas facile, pour ne pas dire impossible au premier abord. «Pour le cancer du côlon par exemple, il n’y a pas de marqueur naturel valide et spécifique retrouvé dans les urines, explique Andrew Warren, chercheur à Harvard, au MIT et co-auteur de ces travaux. Pourtant, des réactions anormales ont lieu sur les sites tumoraux et provoquent la libération de résidus particuliers», explique-t-il. Voilà donc le point de départ des chercheurs: puisque les marqueurs naturels manquent à l’appel, générons des marqueurs synthétiques.

La technique est un peu complexe mais «nouvelle et originale», reconnaît Jean-Marie Michot, spécialiste des innovations thérapeutiques en cancérologie à l’Institut Gustave Roussy. Les chercheurs ont en fait utilisé des nanoparticules d’oxyde de fer injectables par voie intraveineuse sur lesquelles ils ont greffé des molécules pouvant être reconnues et coupées par une enzyme anormalement activée en cas de cancer du côlon, la métallo-protéase 9. Des peptides «signal» résultant de ces coupures sont alors libérés et excrétés par les urines. C’est là qu’intervient la bandelette de papier. Elle contient des anticorps spécifiques de ces peptides et se colore en présence de ces derniers. C’est le principe du test de grossesse. Une bande bleue apparaît en cas d’hormones spécifiques reconnues dans les urines. Les chercheurs ont testé leur dispositif sur des souris présentant une forme humaine de cancer colorectal et ont observé une coloration de leur bandelette dans 90% des cas et ce, en moins d’une heure après l’injection des nanoparticules.

Si le concept est parfait, l’application clinique paraît hors de portée à ce stade pour Jean-Marie Michot. «Les protéases ne sont pas spécifiques du cancer. La métallo-protéase 9 utilisée dans cette étude est par exemple déréglée dans près de quarante pathologies, différentes tumeurs mais aussi des maladies psychiatriques ou encore infectieuses. Difficile donc de concevoir que le test puisse être spécifique de tel ou tel cancer en l’état. Par ailleurs, les stratégies actuelles de dépistage sont en faveur d’un meilleur ciblage des patients les plus à risque. Or, cette approche risque de multiplier les dépistages intempestifs et injustifiés», craint-il.

Ces réserves n’entament pas l’enthousiasme des chercheurs qui ont obtenu des fonds du centre d’Innovation technologique Deshpande du MIT pour monter une startup destinée à des futurs essais cliniques. «Nous n’en sommes qu’au début, mais ces premiers résultats sont très encourageants. Nous allons maintenant améliorer le dispositif pour proposer un test spécifique à chaque tumeur et envisageons de l’étendre à d’autres maladies comme les maladies cardiovasculaires ou encore les hépatites, qui sur-expriment également des protéases capables de cliver nos marqueurs synthétiques», explique Andrew Warren. Tout ceci doit d’abord se faire chez la souris. Pas question de passer chez l’homme pour le moment. Que les fabricants d’appareils d’imagerie médicale se rassurent!

LE FIGARO

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