Après la publication des résultats par le Minesup, une hypothèque pèse sur les étudiants de cette Université privée.
Le Ministre de l'Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, a publié, vendredi dernier, les résultats du premier concours national d'entrée dans les filières médecine, pharmacie et odonto-stomatologie dans les universités d'Etat et les deux instituts privés agréés. Pour les préparatifs de la rentrée académique, programmée le jeudi 7 novembre 2013 à 7h30, des parents se sont présentés au campus de l'Université des Montagnes (Udm), à Fetum-Bangangté, le lundi 4 novembre de bonne heure. En l'absence du président et de ses vices, ils avaient une seule réponse: «les résultats ne sont pas encore à notre niveau. Le Ministère n'a encore rien dit». A trois jours de la rentrée, ces parents ont des raisons de s'inquiéter. En l'absence du président, le Pr. Lazare Kaptué, les cadres de la maison reconnaissent que les quotas prévus ont été respectés, sauf pour l'admission en 4ème année, où il était prévu l'affectation de quinze étudiants, soit dix en médecine et cinq en pharmacie.
Ce qui cristallise les commentaires ici, c'est là capacité des mesures édictées par le gouvernement à améliorer la qualité de la formation, comme prétendu. «Nous avons pour l'instant entre les mains des textes dont nous voulons comprendre l'esprit», a dit un responsable sous anonymat. «Chaque étudiant orienté (...) vers l'Institut supérieur des sciences de la santé de Bangangté (...) est astreint à l'obligation de payer annuellement la somme de 50 000 FCFA au titre des droits universitaires à l'instar des candidats admis dans les quatre facultés de médecine d'Etat». A titre exceptionnel, le Minesup versera à chaque étudiant 550 000 F pour compléter ses frais, ainsi qu'une subvention de 400 000 F à l'Institut, pour l'équipement des laboratoires; a décidé Jacques Fame Ndongo.
Deux poids, deux mesures
Au campus de Fetum, on ignore si les subventions annoncées concernent également les étudiants déjà en formation. Sinon, il y aura dans les amphis deux catégories d'étudiants: ceux qui continueront à payer par eux-mêmes la pension de 1.295.000 FCFA comme avant et ceux dont les études sont prises en charge à hauteur de 950 000 F par l'Etat.
«Pourquoi subventionner des étudiants parce qu'ils sont à l'Udm ou à Nkolondom? Et les autres alors?», s'inquiète le Pr. Ambroise Kom, vice-président de cet institut, joint au téléphone. «C'est un montage étonnant et totalement inattendu», tranche-t-il. A titre comparatifs, on signale que dans des pays de même niveau que le Cameroun, la formation d'un médecin coûte au moins 1.500.000 F par an. «L'Udm fonctionne sur du cash. Les salaires des enseignants et du personnel, les missions, le fonctionnement ainsi que les impôts de l'Etat sont payés en liquidité. Il faut que les parents paient pour la formation de leurs enfants. La contractualisation pourrait difficilement marcher dans notre cas», précise le Pr. Kom. En ligne de mire, cette disposition de l'arrêté ministériel: «le versement par le Ministère de l'Enseignement supérieur des allocations spéciales aux deux instituts privés susvisés et aux étudiants concernés est strictement subordonné à la signature, (...) d'un contrat-cadre, d'un cahier des charges qui garantissent la qualité de la formation».
Le Pr. Ambroise Kom annonce pour vendredi prochain la position officielle de l'école qu'il dirige sur la nouvelle année académique. «Nous sommes étonnés par ce genre de mesure. Nous sommes une institution de droit privé. Si l'Etat doit s'occuper de la formation médicale, il doit y avoir un modus vivendi pour qu'on le fasse en collaboration. Or, en dehors des épreuves, nous n'avons été associés à aucune phase. Dès lors, les conditions de la formation nous semblent difficiles à envisager», regrette le vice-président de l'Udm.