Ils sont nombreux à être confrontés à ce problème dans certains établissements de Yaoundé...
C’est la mort dans l’âme que Joseph N., enseignant dans un collège privé de Yaoundé donne cours chaque jour à ses élèves. Le jeune homme, père d’une petite fille, se rend parfois à son lieu de travail situé à Ngousso à pieds en partant du quartier Etoug-Ebe.« Que peut-on faire avec 500F de l’heure, quand bien même cet argent n’arrive pas avec du retard ?», s’indigne-t-il. L’enseignant a songé à quitter l’établissement dans lequel il officie mais, « je ne peux pas faire le choix de m’en aller. J’ai des classes d’examen dans lesquelles je dispense deux matières à la fois. Si j’abandonne mes élèves à cette période de l’année, je ne sais pas si l’établissement pourra trouver un remplaçant.»
Depuis le début du deuxième trimestre, les élèves d’un complexe scolaire bilingue vont à l’école comme on va en balade. Annaëlle F., élève en Form 4 déclare : « Quatre de nos enseignants ne nous donnent plus cours et nous avons déjà fait deux journées sans avoir le moindre cours. L’école n’a pas encore programmé de cours de rattrapage.» Xavier K. fait partie de ceux qui ont plié bagage. Le professeur de « Computer » a cessé de dispenser ses cours depuis décembre 2013. Le 6 janvier dernier, il a fait parvenir une missive à la fondatrice de l’école, lui apprenant qu’il ne fera plus partie de ses effectifs. Depuis, il met à profit sa formation de technicien et répare des ordinateurs à domicile. « C’est la seule façon que j’ai de m’en sortir pour le moment. J’étais rémunéré 800F l’heure et avec retard.» Xavier K. et ses collègues ont fait savoir leur mécontentement à la fondatrice de l’établissement. « Elle nous a convoqués pour une réunion à l’issue de laquelle elle devait nous remettre notre salaire. Mais après des heures de bavardage, elle ne l’a pas fait.» Et de poursuivre : « Les enseignants sont abandonnés à leur propre sort. Beaucoup d’enfants sont bien formés dans les établissements privés, mais leurs enseignants vivent très difficilement.»
Rencontrée à son bureau, la fondatrice de l’établissement est rentrée dans une colère noire quand la question du paiement des salaires de ses enseignants a été abordée. « Aucun enseignant ne m’a adressé de plainte ! », pilonne-t-elle. En revanche, la dame se plaint de ruptures abusives de contrats par les enseignants et reconnait tout de même qu’elle a eu à rassurer des parents d’élèves qui s’inquiétaient du suivi de leurs enfants.