L'institution onusienne a annoncé le 29 juin qu'environ 34 millions d'enfants et d'adolescents ne sont pas inscrits à l'école dans les pays en conflit, comme la Centrafrique, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo...
«Retourner à l'école est peut-être la seule lueur d'espoir et le seul signe de normalité pour beaucoup d'enfants et de jeunes des pays en crise. Quand survient une crise, l'éducation doit être considérée comme un élément de réponse immédiate et doit faire partie de toute stratégie de consolidation de la paix », a confié Irina Bokova, la directrice générale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, l'enfance, la science et la culture (Unesco).
Pour les enfants et les adolescents les plus pauvres, explique la directrice de l'Unesco, la probabilité de ne pas être scolarisé est deux fois plus grande dans les pays en conflit que dans les pays en paix. Pour cela, elle appelle les donateurs internationaux à mobiliser 2,3 milliards de dollars nécessaires pour les scolariser, « soit un montant dix fois supérieur à la part de l'aide humanitaire actuellement consacrée à l'éducation ».
Le véritable problème est financier, et concerne tous les niveaux de l'enseignement, note un récent rapport de l'institution. « Cela fait un certain temps déjà qu'il aurait fallu définir un nouvel objectif pour orienter les financements vers l'éducation en période de conflit. Les objectifs actuels sont très insuffisants et ont pour effet de détourner l'attention des besoins réels des enfants et des jeunes sur le terrain. », a déclaré le directeur du rapport mondial de suivi sur l'éducation pour tous, Aaron Benavot.
La responsabilité des médias pointée du doigt
« Pour l'enseignement primaire, il faudrait une somme supplémentaire de 38 dollars par enfant dans les zones de conflit. Dans le premier cycle de l'enseignement secondaire, le montant nécessaire est estimé à 113 dollars par adolescent. Nous pouvons trouver ces fonds. La plupart d'entre nous n'auraient qu'à retourner leurs poches pour y trouver de quoi financer l'éducation d'un enfant », a ajouté Aaron Benavot.
En 2014, le secteur n'a reçu que 2% de l'aide humanitaire, à en croire le même rapport. « L'objectif de 4% défendu depuis 2011 serait encore insuffisant. En admettant qu'il ait été atteint en 2013, 15,5 millions d'enfants et de jeunes seraient malgré tout restés dépourvus de la moindre aide humanitaire pour leur éducation », a diagnostiqué le document onusien. Cependant, notent les experts de l'ONU, les médias accordent plus d'attention à certains pays qu'à d'autres. « Entre 2000 et 2014, plus de la moitié de l'aide humanitaire disponible pour l'éducation a été dirigée vers 15 appels aux dons sur 342 », ont-ils regretté, avant d'appeler les médias à jouer pleinement leur rôle dans cette guerre contre l'analphabétisme.
En effet depuis 2013, beaucoup d'appels aux dons ne répondent pas à tous les besoins. Cette situation est tellement inquiétante qu'elle risque de compromettre les résultats espérés en matière d'objectifs mondiaux pour l'éducation définis en 2000. Selon l'ONU, seulement un tiers des pays au monde va atteindre ces objectifs.