Sous la pression des universitaires et étudiants à la moralité exemplaire qui ne voulaient pas se rendre solidaires de l’ignominie d’un des leurs, le ministre de l’Enseignement supérieur, cède et rend publique, la décision de sanctionner les frasques d’un spécialiste du droit de cuissage.
Pour des questions de mœurs, des pratiques de droit de cuissage et de harcèlement sexuel, moral, physique et psychologique des étudiants ; le manquement aux obligations professionnelles d’encadrement des étudiants ; le chantage par des voies de notes sexuellement transmissibles (Nst) ; l’atteinte à la dignité et à la déontologie universitaires par monnayage des prestations académiques…, un professeur d’Université, enseignant trônant depuis belle lurette sur le magistère de l’Université, a été frappé. Lourde de symboles au regard de l’éthique, la morale et la déontologie universitaires bafouée, cette sanction pouvait être tout aussi banalisée et rapidement classée dans les tiroirs de l’histoire ; surtout dans un pays comme le Cameroun où, les gouvernants et les politiciens accordent très peu de valeur et de considération à la jeunesse, à sa formation, ses aptitudes et au transfert des compétences et des « armoiries » de la succession.
Cependant, la sanction est malheureusement hantée de toutes les pourritures; d’autant qu’elle remet au goût du jour, l’inconfort et la formation dans les Universités camerounaises. On aurait vu une telle sanction s’abattre sur un assistant ou un chargé de cours, en début de carrière que l’on aurait pensé que ce type d’agissement pourrait passer avec le temps, que la vieillesse aura le dessus sur sa boulimie sexuelle. Mais, Njiale Pierre Marie, l’incriminé et coupable du forfait dont il est question, est maître de conférence ; un vieil enseignant de faculté et vacataire à l’école normale supérieure de l’Université de Yaoundé I. Agé de 61 ans, Njiale Pierre Marie, est en fin de carrière. Les quatre années de suspension à compter de l’année académique 2013/2014 sont le peu de temps qui lui reste. Comme tout enseignant de son grade qui doit partir à la retraite à 65 ans, l’année académique 2017/2018, date à laquelle, l’infortuné harceleur, doit reprendre du service, servira simplement à Njiale Pierre Marie de remplir les formalités d’usage pour l’arrêt définitif et officiel de sa carrière d’enseignant d’Université. Mais quelle triste fin ? Malchanceux parmi une constellation d’universitaires, spécialistes du droit de cuissage, du harcèlement et de l’attribution des notes de confort de canapé, Njiale Pierre Marie est aujourd’hui démarqué et sévèrement sanctionné.
Mais on peut s’interroger sur le nombre des victimes, de celui sur qui est reversé un tel parfum d’opprobre et d’humiliante salissure ? On peut également spéculer sur le nombre d’années de pratique de cette « profession » criminelle ? Combien de carrières, de trajectoires, d’ambitions et de rêves ont été brisés ? Surtout pour celles des cibles qui n’ont pas dénoncé leur enseignant ; préférant pleurer, souffrir et mourir en silence… Sans parler.
Au cœur du scandale
La décision portant sanction disciplinaire à l’encontre de Njiale Pierre Marie, est signée du ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, depuis le 16 juillet 2013. Sa médiatisation à outrance, ne commence que le 28 août 2013. Tenue au secret et à la discrétion, pendant plus d’un mois, l’on peut logiquement s’interroger sur les raisons qui ont motivé la grosse publicité et l’offensive de la publication de cette décision dans les médias. Qui, au nom de quoi, de qui et pourquoi, a-t-on voulu masquer, maquiller, diluer ou mettre du verni sur cette affaire, avant de rendre l’enseignant à la vindicte populaire ? Alors que lui-même, a signé l’article 04 de la décision sur sa nécessité d’être enregistrée et publiée partout où besoin sera, le ministre Jacques Fame Ndongo, a mis l’embargo sur la diffusion de la sanction.
« L’Université est un milieu clos qui ne suggère pas trop de communication surtout autour des actes infâmes et odieux qui peuvent déteindre sur l’image de ses enseignants et ses étudiants. On ne voulait pas que le monde entier, à travers les médias, soit au courant de cette sale affaire. Du moins, jusqu’à ce que, l’incriminé qu’on voulait protéger ne passe à l’offensive» murmure un cadre de service à Yaoundé I. Alors que l’Université camerounaise peine à occuper une place de choix dans le classement des 100 bonnes Universités du continent, la voilà dans le box-office ; parmi celles où, les mœurs n’en font pas un modèle d’exemple.
En optant pour la voie des procédures judicaires contre les deux étudiants qui l’ont piégé ; mais surtout contre le journaliste, Roger Kiyek de Kiki, qui a rendu publique l’information de harcèlement sur les antennes de la Sky One radio, émettant dans la ville de Yaoundé et ses environs, Njiale Pierre Marie, s’est tiré une balle sur la cheville. En choisissant d’ébruiter l’affaire, croyant que l’Université allait le protéger et camoufler sa culpabilité, l’enseignant a été surpris. Conscient que l’institution universitaire allait laisser des plumes pendant le procès, si elle continuait à cafouiller sur les indélicatesses d’un des leurs, pris en flagrant délit, Jacques Fame Ndongo a levé l’embargo la veille même de la 1ère audience qui a eu lieu le 29 août dernier. « On croyait que l’universitaire devait faire profil bas, que l’affaire soit gérée en interne. Le bourreau voulait jouer à la victime et trouver un refuge à ses forfaitures. Sachant qu’il a heurté les consciences ; il veut se fonder sur des voies de droit. Ce quine semble pas lui réussir » avoue un magistrat.