Sevrés de la subvention étatique depuis deux ans aujourd’hui, ils disent vouloir descendre dans la rue si d’ici la fin de ce mois de janvier 2014 les pouvoirs publics ne daignent point réagir immédiatement.
Les promoteurs des établissements privés laïcs disent en avoir marre d’attendre une subvention qui tarde à arriver. Exacerbés et presqu’au bout du gouffre pour certains qui risquent, au pire des cas de mettre la clé sous le paillasson, ils annoncent pour la fin de ce mois de janvier un débrayage. « Depuis 2012, nous n’avons pas reçu de subvention ou du moins ce qui nous avait été promis par les pouvoirs publics. Nos collègues des autres régions ont déjà reçu la leur. Nous avons saisi le ministre de l’Education de base qui nous a dit que les subventions se trouvent au niveau des finances. Et que nous devons être payés avant la fin de l’année budgétaire 2013. Jusqu’ici nous n’avons encore rien reçu», se plaignent les promoteurs des établissements privés laïcs du Littoral regroupés au sein du syndicat national des promoteurs d’établissements privés laïcs. Ce qui chagrine les près de 300 membres dudit syndicat, ce n’est pas tant la cure d’amaigrissement des transferts de l’Etat au privé qui sont passés de 7,4 milliards Fcfa en 1987 à 3 milliards Fcfa dans les années qui ont suivi pour remonter à 4 milliards Fcfa à compter de 2000, pour rechuter à 3 milliards de 2006 à 2009, c’est son irrégularité.
«Malgré le fait que l’enveloppe a considérablement diminué, le ministère de l’Education de base ne prend pas les dispositions à temps pour qu’elles soient acheminées aux promoteurs d’école ». Conséquence: «Nous sommes paralysés. A chaque rentrée scolaire, nous budgétisons la subvention. Elle nous permet d’assurer le bon fonctionnement de l’école, le paiement des salaires aux enseignants. Parce que nous recouvrons difficilement la pension des élèves à cause du désœuvrement aigu des parents. C’est cette subvention qui permettait à certains d’entre nous de payer les derniers salaires de l’année scolaire », affirme André Tchoualeu, président régional dudit syndicat. Qui explique que nombre de ses collègues promoteurs d’établissements sont «parfois obligés de faire recours aux usuriers. Et Dieu seul sait qu’ils leur prêtent de l’argent à des taux insupportables». Cette grogne annoncée des promoteurs des établissements privés laïcs du Littoral peut avoir des conséquences fâcheuses. Le fait que le secteur privé occupe une place particulièrement significative dans l’offre éducative camerounaise, puisqu’il scolarisait, en 2007 – 2008, 63% des effectifs du préscolaire et 22% des enfants du primaire, selon un rapport d’experts chargés de l’élaboration du manuel de procédures de la composante «contractualisation de l’Etat avec les acteurs du secteur privé de l’éducation «du programme Cd2-éducation», réalisé en 2010. Selon ledit rapport, l’offre éducative du secteur privé se caractérise néanmoins par une grande disparité régionale: le privé formel ne représente que 5,10%.
Le secteur des établissements privés laïcs est étouffé par un écheveau de dettes croisées qui mettent en péril sa survie et son fonctionnement régulier: les infrastructures et les équipements sont généralement très dégradés et le personnel enseignant démotivé. Pour illustration, la dette cumulée des enseignants catholiques et protestants est estimée à plus de 23 milliards Fcfa et les subventions de l’Etat allouées à ces deux ordres d’enseignement, mais non versées, sont évaluées à 7 milliards Fcfa. De quoi donner le tournis.