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Quête d’équité: Les « JU » ne sont pas les « JO »

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Une fois de plus, l'Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) de Yaoundé a été désigné vainqueur des jeux universitaires (JU) lors de la dix-septième édition à l'Université de Douala du 03 au 10 mai 2014. Cet institut trône ainsi sur les JU depuis maintenant cinq ans. Mais à Douala, comme à Ngaoundéré en 2013, à Buéa en 2012, à Dschang en 2011, à Yaoundé II en 2010 ou à Yaoundé I en 2009, le sacre de l'INJS a suscité quelques commentaires désobligeants. Pour certains observateurs en effet, cette école de formation des enseignants d'éducation physique et sportive, des conseillers de jeunesse et d'animation et éventuellement des entraîneurs et sportifs de haut niveau, ne devrait plus compétir contre les universités qui, elles, ne sont pas spécialisées dans le « sport ».

En 2011 à Dschang, nous avions eu l'occasion de nous inscrire en faux contre cette opinion dans le quotidien des jeux, La Catapulte. Il est en effet intéressant que l'INJS participe aux JU : d'abord pour tirer les performances des autres participants par le haut, ensuite pour maintenir ses propres exigences de formation à un niveau élevé, enfin pour mériter la confiance de l'Etat dans la formation des professionnels qui assurent l'éducation physique des citoyens. La participation de l'INJS est ainsi, de notre point de vue, la meilleure chose que l'on puisse souhaiter si l'on veut que les JU restent, entre autres, un cadre d'expérimentation de l'esprit sportif qui anime les talents appelés à défendre honorablement les couleurs du Cameroun aux différents rendez-vous internationaux.

Cette mise au point faite, il paraît judicieux de relever quelques points d'incompréhension qui pourraient continuer de frustrer les autres participants parce qu'ils faussent la réalité de la participation aux JU. Le jour de la clôture officielle des jeux de Douala le samedi 10 mai, après avoir lu tous les trophées remportés par disciplines et par catégories, le Secrétaire Général de la Fédération Nationale du Sport Universitaire (FENASU) a sollicité toute l'attention de l'assistance pour écouter le nom de l'institution qui avait remporté le trophée général des jeux. Une rumeur sourde a traversé toute la tribune et le stade, parce que l'impétrant était connu. Il s'agissait, à n'en point douter, de l'INJS dont le directeur, Dr. Daniel Ngoa Nguelé, a reçu le trophée des mains du Ministre de l'Enseignement Supérieur, chancelier des ordres académiques, Pr. Jacques Fame Ndongo. L'on a alors applaudi… juste par convenance.

Le problème n'est pas que l'INJS ait remporté le trophée général ou qu'il le remporte de façon continue depuis plusieurs années, nous l'avons dit, mais la manière dont les décomptes et les classements sont faits. L'INJS en effet attributaire du trophée général sur la base des décomptes effectués dans les sports dits olympiques. Or, les jeux universitaires ont plusieurs composantes. La composante olympique est bien sûr la plus importante avec sa dizaine de disciplines. Mais, il y a aussi une composante paralympique, le sport pour handicapés notamment. Les jeux ont par ailleurs une composante animation et fair-play. C'est tout cela, les JU, et le classement général devrait naturellement en tenir compte. Ainsi, pour qu'une institution soit classée première ou désignée vainqueur général des jeux, il faut que sa performance dans les différentes composantes ci-dessus citées soit considérée.

Que l'on se le dise bien : les jeux universitaires ne sont pas les jeux olympiques universitaires. Ils empruntent seulement des principes olympiques dans leur structure classique. Ce qui fait leur spécificité c'est que ce sont les universités et institutions d'enseignement supérieur qui les organisent, avec des objectifs péri-académiques précis. Les JU diffèrent aussi des jeux olympiques en ce qu'ils ont des disciplines non olympiques qui ne révèlent pas moins les talents des jeunes. L'on ne comprend donc par exemple pas pourquoi les officiels de la FENASU semblent ne pas prendre au sérieux le handisport et la compétition du fan's club. En tout état de cause, pour être équitable à l'égard de tous les jeunes et juste vis-à-vis de toutes les institutions qui participent aux JU, la nécessité de reconsidérer les critères de désignation du vainqueur général des jeux s'impose. Cela présuppose une certaine relecture / réécriture des statuts de la FANASU et une certaine réorientation de la nomenclature du règlement spécial utilisé à chaque édition.

Les instances politiques de gestion des JU doivent prendre la décision. Les jeux universitaires constituent un ensemble d'activités post et péri académiques trop importantes pour être laissées aux seuls mains des techniciens du sport. Leurs conseils sont précieux et leur implication déterminante pour l'organisation et le bon déroulement des jeux. Mais les orientations politiques doivent venir d'ailleurs, notamment du Ministre de l'Enseignement Supérieur, des Recteurs d'universités et des Chefs d'institutions d'enseignement supérieur. L'on se retrouve en effet aujourd'hui dans une situation où la nature a horreur du vide ; si les politiques abandonnent leurs prérogatives, les techniciens les exerceront, peut-être par effraction, mais copieusement. Et ils en demanderont davantage au fil du temps.

Rendons justice aux jeux universitaires, soyons sincères envers tous les participants. C'est à ce prix seulement que les JU dégageront une force d'adhésion qui imposera la confiance inconditionnelle des membres de la FENASU.

Par Alexandre T. DJIMELI - Dschang UDS/SIC 12/06/2014 - Université de Dschang

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