Giuliana Quartullo a défendu ses travaux le 19 juin 2014, à la salle des spectacles et des conférences de l'université
La toute première thèse de doctorat Ph D en histoire de l'université de Dschang, à l'ouest du Cameroun, a été soutenue le 19 juin 2014, à la salle des spectacles et des conférences de l'institution, par l'Italienne Giuliana Quartullo. Elle a travaillé dans la spécialité histoire de l'art et sous le thème : « Art et artisanat à Dschang: du sacré à la profanation : 1907 – 2012 ».
C'est pour rompre avec les préjugés occidentaux sur l'art africain qu'elle a entrepris de mener cette recherche. Elle a mené son étude sur deux grandes périodes de l'histoire africaine, à savoir la période coloniale et la période postcoloniale. Son enquête de terrain a consisté en des entretiens, la visite des villages de la Menoua et des musées du Cameroun. Elle a également visité des musées en Europe où se trouvent des œuvres d'art africaines. Enfin, elle a administré des questionnaires.
A la fin de cette enquête de terrain, les résultats obtenus indiquent que l'art dans la Menoua a évolué du sacré à la profanation. Il n'est plus le domaine réservé de l'artiste initié. Selon Giuliana Quartulo, l'église, l'école et le capitalisme colonial ont joué un rôle très important dans ce processus de profanation. Car, en contexte colonial, il fallait s'attaquer aux populations autochtones. Or, avant de s'attaquer au corps, on détruit d'abord l'âme. L'un des éléments essentiels de cette âme, c'est la culture, à travers une de ses composantes qu'est l'art. Cela s'observe à travers l'histoire par le fait que, autrefois réservé aux chefferies, l'art est progressivement envahi par des normes et pratiques exogènes.
Ầ partir de 1945, des expositions publiques sont organisées, les structures publiques sont créées pour conserver les œuvres d'art. Quartulo cite notamment le cas du musée public de Dschang crée en 1964 et le musée des civilisations qui a vu le jour en 2011. Cette profanation se manifeste aussi par le pillage des œuvres d'art durant les périodes de luttes nationalistes pendant les décennies 1950 et 1960. Enfin, il y'a avec le contexte socio-économique actuel, la marchandisation de cet art qui perd, selon elle, sa dimension sacrée. Il s'agit d'un contexte marqué par la concurrence relative à la mondialisation.
De cette thèse, on apprend que l'art de Dschang affiche une grande diversité. C'est ce qui a favorisé son rayonnement sur le plan national et hors du Cameroun, le vol des objets d'art et la fuite des talents artistiques. Elle a cité à ce sujet, à titre d'illustration, des objets d'art de Dschang exposés dans les musées européens et américains. C'est le cas de « l'Akou-Mafo » du groupement Foto. Il est exposé à Zurich depuis 1970. Les poignées de fouet de danse et le masque-buffle de Foreké-Dschang ont été mis en vente à Paris en 1995.