Un ambitieux projet américain baptisé Outernet vise à envoyer une centaine de mini-satellites en orbite afin de diffuser de l’information gratuitement sur toute la planète.
C’est un projet un peu fou dans lequel s’est lancée une organisation américaine à but non lucratif, le Media Development Investment Fund: d’ici à 2015, permettre à n’importe quel citoyen du monde en possession d’un appareil wifi-compatible d’accéder à un grand réseau d’information universel et gratuit. Pour ce faire, le MDIF, dirigé par l’ex-rédacteur en chef de Bernard Poulet, va procéder à l’envoi d’une constellation d’environ 150 satellites low-cost dans le ciel, des cubes d’un peu moins d’1,5 kilo et de 10 cm d’arrête qui retransmettront des informations émises à partir du sol. Sur la page web du projet, il est indiqué que ce système outrepassera ainsi la censure des pays fermés à l’Internet tout en protégeant l’anonymat de ses utilisateurs.
L’Outernet tente de répondre à un diagnostic simple: alors qu’il y a plus d’appareils informatiques que d’êtres humains sur terre, et que le prix des smartphones, tablettes et ordinateurs ne cesse de décroître d’année en année, l’accès au web reste trop inabordable. «Seuls 60% de la population mondiale accède à la profusion de connaissances offerte par Internet», soulignent ainsi les créateurs du projet sur le site qui lui est dédié. Syed Karim, le créateur du projet, regrette le manque de mobilisation et d’ambition politique dans ce domaine: «Il faudrait quelque chose comme 4 ou 5 milliards d’euros pour assurer un accès global à Internet. C’est un chèque que pourraient remplir certains particuliers, des associations ou des gouvernements». Aucun pays n’a d’ailleurs apporté d’aide financière au programme du MDIF.
Dans un premier temps, un nombre restreint de sites consultables
Ce manque de moyens bride les ambitions de l’association. En effet, contrairement au projet Loon (qui sera payant) de Google, Outernet ne permettra pas d’accéder à l’Internet complexe que l’on connait, mais plutôt à une version parallèle et simplifiée de celui-ci. Les émissions des données d’Outernet seront, pour quelques années au moins, unidirectionnelles, c’est-à-dire que l’utilisateur ne pourra pas télécharger lui-même des informations sur le réseau. De plus, le service proposera d‘abord un nombre restreint de sites consultables. Néanmoins, la mise en place d’Outernet constituerait une véritable révolution: un accès à l’éducation et à l’information universel particulièrement salutaire lors de catastrophes naturelles ou de situations d’urgence, une mine de savoir dans les pays où sévit la censure.
Tandis qu’un système de crowdfunding a été mis en place sur le site du projet, Syed Karim assure que son lancement ne connait pas de barrière technique: «Evidemment, le défi consiste à faire le lien entre de minuscules satellites et une petite antenne au sol. Mais il n’y a rien d’inédit dans ce procédé: il existe de nombreux exemples de succès depuis des années maintenant». La mise en pratique pourrait rapidement lui donner raison: le MDIF s’est donné pour objectif la mise en place d’une première version d’Outernet en juin 2015.