Suite à un délestage, qui a duré plus de temps qu’une partie de football, frayeur, anxiété, désolation et panique ont troublé l’ambiance de travail et la sérénité des malades sous observation médicale, au sein de l’institution sanitaire vitrine, de la capitale politique du Cameroun.
Vendredi, 31 janvier 2014. Il est un peu plus de 13 heures 30 minutes au bloc administratif. Une foule de personnes, se bouscule devant un bureau où, l’on peut lire : « secrétariat-Morgue-Hospitalisation ». Au rang des personnes qui attendent, se recrutent celles en quête des bulletins d’hospitalisation, de retrait de dépouille à la morgue et autres services. Alors que la secrétaire s’atèle au service, intervient de façon inattendue, une interruption d’énergie électrique. D’un trait, l’obscurité s’empare de tous les compartiments et l’ensemble des bureaux. « Ouais !!! On a coupé le courant » lance visiblement indigné, un usager dont l’impression de la facture interrompue en machine, retarde le retrait de la dépouille d’un parent. Désorienté, il plonge dans le découragement. « La levée est programmée à 15 heures » ajoute-t-il.
Faute d’énergie électrique, les machines sont aux arrêts. Alors que le personnel se démobilise, maudissant les délestages et Aes-Sonel, les usagers en attente de service, gromellent d’impatience. « Le bloc n’est pas connecté à un groupe électrogène qui doit immédiatement prendre le relai. Il faut croiser les bras et attendre le retour de la lumière » serine la secrétaire.
Tout à coté, le désarroi, l’amertume, le refus de l’intolérable et la colère sont profonds. Le désenchantement affligeant. Les autres blocs et bâtiments qui abritent certaines structures : les salles d’hospitalisation, l’hôpital du jour et le centre national de l’obésité broient du noir, dans le noir. Le Pavillon Pasteur, non plus n’est épargné. Même si à cette heure de la journée, le flux des malades a baissé, ceux qui en restent, ne peuvent pas aspirer à de bons soins, encore moins à une bonne consultation. Pour les cas graves, les médecins, sont obligés de faire avec l’éclairage diurne, en ouvrant fenêtres, portes et rideaux, pour ausculter leurs patients. « Il y a d’un côté les souffrances des malades, de l’autre, leur intimité, qu’il faut préserver. Mais devant ce dilemme, on n’a pas de choix. Ce n’est pas de gaité de cœur » avoue un médecin. « Espérons que les autres blocs hautement sensibles, sont alimentés par un groupe électrogène. Si les conséquences dans certains services sont gérables, ce n’est pas le cas pour les patients qui se trouvent au bloc opératoire ou en réanimation. On peut perdre très facilement les patients sous assistance respiratoire, à cause du manque d’énergie. Certaines données attendues des appareils de stérilisation peuvent être faussées ; l’absence d’énergie peut aussi jouer sur les réactifs envoyés au labo » craint un autre médecin.
Acquérir de nouveaux groupes électrogènes
Un tour d’horizon dans les services délicats : la radiologie (soins intensifs) ; pavillon réanimation, service des urgences chirurgicales, pavillon Lagarde (médecine adulte)… L’on peut exprimer un petit soulagement ; des précautions sont prises pour un service minimum d’alimentation en énergie électrique par l’usage d’un groupe électrogène. Mais les soins et le service sont au ralenti ; la faible luminosité, laisse entrevoir que la puissance d’énergie produite, n’est pas suffisante pour permettre d’atteindre des résultats escomptés. Et pourtant la délicatesse des besoins et attentes suggère une densification et une dotation importante en énergie électrique. Dans un contexte de récurrence des délestages, au moment où l’on n’a plus une grande confiance à l’entreprise chargée de fournir l’énergie électrique, les circonstances commandent aux responsables, l’installation d’un grand nombre de groupes électrogènes.
Un véritable défi qui attend Joseph Pierre Fouda, le directeur de l’hôpital et le ministère de la Santé publique. L’amélioration de la qualité des soins et des services aux usagers, ajoutés à la création des saines, dynamiques et performantes conditions de travail des personnels, sont la première étape qui conduit le malade à la guérison. La dotation de l’hôpital en quantité suffisante de groupes électrogène, permet d’accroître les prouesses de l’institution sanitaire qui, si l’on s’en remet à la banderole qui exalte un « hôpital à l’écoute des préoccupations de tous, depuis 80 ans ». Après 90 minutes d’attente vaine du retour de l’énergie électrique, en dépit d’une dizaine de minutes de temps additionnel, lorsque le reporter du Messager quittait les lieux, le sevrage se poursuivait. Insupportable.