Maïrama Dasso Djika épouse Hamadou exige des réparations de l’Université protestante d’Afrique centrale (Upac), après avoir été « injustement » exclue par le conseil de faculté. Les autorités de l’université disent avoir renvoyé l’étudiante à l’issue d’un conseil pour insuffisance académique et l’accusent de filouterie de formation.
UPAC, Campus de Yaoundé
Plusieurs têtes sont déjà tombées à l’université protestante d’Afrique centrale (Upac) suite à cette affaire. La secrétaire de Célestin Tagou, doyen de la Faculté des sciences sociales et des relations internationales a été limogée. Elle est accusée d’avoir, avec la complicité d’un responsable de cette institution universitaire, introduit les notes de Maïrama Dasso Djika épouse Hamadou dans la base des données informatisées, alors quelle ne faisait plus partie des effectifs. Une enquête interne serait d’ailleurs en cours, pour mettre hors d’état de nuire toutes les personnes ayant contribué à la manœuvre. Entre temps, l’étudiante en question est déterminée à obtenir des dommages et intérêts pour sa mise à l’écart injustifiée de l’université.
« J’ai été exclue par le conseil de faculté sanctionnant les rattrapages 2011-2012 pour insuffisance académique sans que mes notes aient été publiées. J’ai adressé deux recours par la suite. Mais au sortir du conseil extraordinaire de 2012, je n’ai vu ni mon nom sur la liste des admis, ni sur celle des échoués. Et lorsque je vais vers le doyen de ma faculté, il me fait savoir que j’ai été exclue sans possibilité de recours », explique cette étudiante portant un voile de couleur noire sur la tête.
Elle dit avoir payé près de 400 mille francs pour reprendre les huit unités de valeur restantes en 2ème année. Ne trouvant pas une suite à sa doléance, elle saisit le secrétaire académique chargé du suivi des cours et de la scolarité, aujourd’hui accusé d’avoir manigancé avec l’étudiante pour nuire à l’Upac. « Le secrétaire académique a adressé deux notes au doyen qui n’a pas réagi. Et quatre mois après, j’ai saisi le recteur et plus tard le président du conseil d’administration de l’université par voie d’huissier. Mais avant cela, j’ai écrit au ministre de l’Enseignement supérieur. Maintenant ma patience est à bout et j’entends saisir dès la semaine prochaine la justice pour qu’elle tranche car le doyen me dit que tous les autres étudiants exclus n’ont pas été notifiés. Ce qui est une violation grave », ajoute cette étudiante qui indique que le conseil de faculté n’a pas qualité pour exclure un étudiant, et que cette tâche revient au seul conseil de l’université.
Dans sa plainte adressée au président de la commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndlh) en date du 24 juin 2013, Maïrama Dasso Djika révèle qu’elle est originaire du Nord-Cameroun âgée de 39 ans, musulmane mariée et mère de quatre enfants. Elle joint d’ailleurs à cette plainte des photocopies de tickets de paiement de sa pension dans une institution bancaire de la place, pour l’année académique 2011-2012 querellée.
Filouterie de formation
Mais curieusement, les responsables de l’université protestante d’Afrique centrale persistent et signent que l’étudiante était insolvable. « Elle est arrivée ici en 2ème année licence. Mais jusqu’à la composition du 1er semestre, elle n’avait pas payé sa pension. Chaque fois que je l’interpellais, elle multipliait les rendez-vous. C’est ainsi que nous l’avons laissée composer. Mais après, elle est portée disparue. Et lors du conseil de faculté auquel ont pris part d’éminents professeurs bien connus, elle a été exclue pour insuffisance académique », explique un responsable en service au décanat de la faculté des sciences sociales et des relations internationales de l’Upac. Notre source qui préfère rester dans l’anonymat parce que n’ayant pas été mandatée ajoute que « nous avons été surpris qu’elle soit revenue faire les rattrapages en payant 5000 francs par Unité de valeur alors qu’elle n’avait pas payé la pension. Finalement, ses notes ont été introduites dans le système informatisé à notre insu, et avec la complicité de certains personnels parmi lesquels la secrétaire du doyen qui a été limogé ». En attendant, l’étudiante envisage de saisir, dès le début de la semaine prochaine, la justice pour obtenir réparation. Mais l’Upac reste sereine, et dit avoir rangé tous les documents relatifs à ce dossier dans un tiroir au rectorat.
Joseph Flavien KANKEU