Le chômage touche de plein fouet la jeunesse africaine. Crise financière mondiale, explosion démographique, mais aussi absence de vision des décideurs locaux : analyse des maux actuels.
« Le monde s’enfonce dans une crise de l’emploi sans précédent. L’Afrique subsaharienne demeure la région du monde la plus touchée par cette crise », prévient Dramane Haïdara, spécialiste des stratégies du développement de l’emploi au bureau dakarois de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Les chiffres confirment les affirmations de l’économiste qui était l’un des principaux invités de la conférence des jeunes leaders panafricains qui s’est tenue à Dakar, du 13 au 17 janvier dernier.
Financée et organisée par les agences des Nations-Unies, cette conférence consacrée au chômage des jeunes en Afrique avait pour objectif d’évaluer le chemin parcouru par les pays africains pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Les débats autour de la question du chômage des jeunes en Afrique s’inscrivent aussi dans le cadre du contexte actuel où l’on assiste à une explosion démographique de la jeunesse africaine. Citant le dernier rapport de l’OIT, Dramane Haïdara a indiqué qu’en 2013 le monde comptait 75 millions de jeunes au chômage, 38 millions de ces jeunes chômeurs vivant en Afrique.
En tout, l’Afrique compte 200 millions d’habitants âgés de 18 à 24 ans, soit 40 % de la population active. Le taux de chômage parmi cette population est le double de celui des adultes. Ces jeunes sans perspectives professionnelles constituent, aux yeux de l’analyste de l’OIT, une « génération perdue, menaçant la cohésion sociale ». Selon une enquête réalisée par la Banque mondiale, environ 40 % de ceux qui rejoignent des mouvements rebelles et terroristes seraient motivés par le manque d’emplois.
Pour les acteurs et observateurs de l’économie africaine qui ont pris la parole à la conférence de Dakar, cette jeunesse désoeuvrée est « une bombe à retardement ». Il est urgent d’agir, ont-ils martelé, afin qu’il n’y ait pas d’autres manifestations de mécontentement populaire comme les printemps arabes déclenchés par des jeunes chômeurs désespérés.