Même si son taux de croissance frise les 10 %, la Côte d'Ivoire peine à réduire le chômage des 15-34 ans. Un fléau que l'État a la ferme intention de combattre.
Après une décennie d'instabilité, la relance économique semble de retour en Côte d'Ivoire, où le taux de croissance a atteint 9,8 % en 2012, selon le FMI. Et même si la population n'en ressent pas encore les effets, le gouvernement assure qu'un taux de croissance aussi soutenu pendant une longue période aura forcément un impact sur la vie quotidienne.
Insertion des jeunes
"Quelque 772 000 Ivoiriens âgés de 15 à 34 ans sont au chômage", révèle la Banque africaine de développement (BAD), qui a signé en décembre 2013 un accord de prêt de 21,34 millions de dollars (15,6 millions d'euros), en plus d'un don de 7,56 millions de dollars, pour promouvoir l'emploi et l'insertion des jeunes. "C'est l'aboutissement d'un processus entamé en avril dernier, lors de la préparation de la stratégie d'intervention de la Banque en Côte d'Ivoire pour la période 2013-2017", souligne Agnès Soucat, directrice du département du développement humain de la BAD.
Selon Idrissa Bayo, ambassadeur de la Côte d'Ivoire en Tunisie (où siège actuellement la Banque), ces concours financiers vont permettre au gouvernement "d'offrir des opportunités d'insertion aux chômeurs de longue durée" et de créer des emplois pour une "jeunesse vulnérable".
Compétences
À en croire Moussa Dosso, ministre de l'Emploi, des Affaires sociales et de la Formation professionnelle, le chômage touche 9,4 % de la population active. Un chiffre qui devrait être confirmé par une grande enquête, annoncée pour le mois de mai. Mais plus encore que le chômage, le pays souffre d'un important niveau de sous-emploi [inadéquation entre les qualifications et les postes proposés], qui concernerait plus de 5,5 millions de jeunes.
Pour y faire face, le gouvernement prévoit de créer 1,7 million d'emplois d'ici à 2015 en développant quatre programmes : le Programme emploi jeune et développement des compétences (Pejedec), l'Agence d'études et de promotion de l'emploi (Agepe), la Plateforme de services (PFS) et l'Agence nationale de la formation professionnelle (Agefop).
Plan national de développement
Il mise également sur la dynamique du Plan national de développement (PND), qui vise à faire de la Côte d'Ivoire un pôle économique en Afrique de l'Ouest. Pour la période 2012-2015, il s'articule autour de différents axes : la sécurité et la paix, la réconciliation nationale, la reconstruction et les avancées économiques.
Dans ce dernier domaine, les efforts se déclinent "en un ensemble de grands projets structurants, publics ou réalisés dans le cadre de partenariats public-privé", résume Daniel Kablan Duncan, le Premier ministre. Quand au Programme national d'investissement agricole (PNIA) 2012-2016, "d'un coût estimé de 2 040 milliards de F CFA, financé à hauteur de 60 % par le secteur privé", il devrait assurer "environ 2 400 000 emplois", promet-il.
Dynamisme
Dans le secteur privé, Emmanuel Essis Esmel, directeur général du Centre de promotion des investissements en Côte d'Ivoire (Cepici), a annoncé en décembre la création de 2 535 entreprises (inscrites au registre du commerce) en 2013, contre 126 en 2012. Pour lui, ce dynamisme est le résultat des réformes mises en oeuvre pour favoriser l'entrepreneuriat, que le Cepici veut étendre au niveau local en 2014.