Sur le marché depuis des années déjà, le préservatif féminin commence enfin à être accepté par les dames. En commémorant la deuxième Journée de ce contraceptif lundi à Yaoundé, l’Association camerounaise de marketing social (ACMS) a révélé que plus de 900.000 préservatifs féminins ont été écoulés du 1er janvier au 31 août dernier sur l’ensemble du triangle national. Alors qu’en 2012, le chiffre tournait autour de 500.000.
Seulement, il ne faut surtout pas croire que plus de 900.000 préservatifs féminins ont été utilisés par les dames durant cette période. Non. Entre l’acquisition – trois à 100 F- et l’utilisation, il y a un grand pas. Un faussé que beaucoup n’arrivent encore à franchir à cause des préjugés. Certaines disent qu’il « n’est pas pratique. Il est moche et il ne favorise pas le plaisir. » Les raisons d’abandon sont nombreuses et propres à celles qui ont déjà essayé. Alors que d’autres, la majorité d’ailleurs, ne l’envisagent même pas encore. Ce, juste parce qu’elles ont entendu dire que le préservatif féminin est « bizarre ». L’une de ces apeurées de la nouveauté indique d’ailleurs qu’elle ne pourrait jamais l’utiliser. « On m’a dit qu’il est compliqué à enfiler. Et il peut même disparaître dans votre sexe si vous ne faites pas attention », explique-t-elle. Ajoutant que lorsque son mari n’enfile pas un préservatif, ils passent à l’acte sans protection.
Avec ce type de raisonnements, encore partagé par des milliers de Camerounaises, ils semblent certainement encore loin, les jours où le taux d’utilisation du préservatif féminin atteindrait les 50%. « D’après les statistiques disponibles, 9% des 15-49 ans ont déclaré avoir utilisé le préservatif féminin en 2012, alors qu’en 2008, l’on était autour 3% », déclare une source bien introduite à l’ACMS. Elle reconnait que ce taux, bien qu’encore faible, est en augmentation. Il est très éloigné du niveau d’utilisation du condom masculin (40%), mais il y a des avancées. Les mentalités changent assure-t-on à l’ACMS.
Pour la petite histoire, le préservatif féminin avait été mis en place pour que les femmes prennent les choses en main. Qu’elles se protègent lorsque le compagnon refuse d’enfiler un préservatif. Pour que, classées personnes plus affectées par le Sida aujourd’hui, elles puissent demain renverser la tendance. Au ministère de la Santé publique tout comme à l’ACMS, on insiste sur le fait que les femmes doivent se protéger. Et pour celles qui ont du mal à utiliser le préservatif féminin, qu’elles fassent des essais avant le rapport sexuel.