La jeunesse camerounaise, de par son poids démographique et son dynamisme, constitue une couche sociale très importante qui joue un rôle de premier plan dans l’œuvre de construction nationale. Cependant, elle fait face à de multiples problèmes qui tendent à inhiber sa participation au développement du pays. Il s’agit notamment de la pauvreté, des difficultés d’accès à l’éducation et à l’emploi, de problèmes sanitaires et particulièrement la pandémie du VIH et du sida, la prostitution, la toxicomanie, etc. Etant dans une république, le Gouvernement camerounais qui ne ménage aucun effort pour apporter des réponses appropriées aux besoins et aspirations de cette couche importante de la population a toujours été au centre des préoccupations de cette frange. Mais, ci et la, la jeunesse camerounaise est taxée de tout les maux : timoré, veule, pleutre, amorphe, etc. Qu’est ce qui peut bien être à l’ origine de ce pusillanime de la part de ceux la même qui sont appelés le fer de lance de la nation ?
L’éducation et la formation
En matière d’éducation, les acquis sont déjà remarquables :
- la création d’un département ministériel en charge de chaque niveau d’enseignement ;
- la création de huit universités d’Etat à vocation nationale dans différentes régions du pays;
- la gratuité de l’enseignement primaire public ;
- la mobilisation de la communauté éducative ;
- la professionnalisation progressive de l’enseignement ;
- la densification du réseau des infrastructures scolaires publiques primaires et secondaires;
- le recrutement des personnels enseignants ;
Malgré ces avancées, des problèmes demeurent tant au niveau du cadre social qu’à celui du système éducatif. Au niveau du cadre social, le problème dominant est la faible qualité de l’éducation sociale en faveur des jeunes. Les causes de cette situation sont l’analphabétisme et les pratiques éducatives discriminantes selon les sexes (dans le nord du pays), les préjugés, l’insuffisance des ressources et l’ignorance des droits de l’enfant. Il convient d’ajouter dans ce registre, l’absence d’une stratégie d’encadrement de la jeunesse en déperdition ainsi que la démotivation des enseignants due à la pauvreté et à la baisse drastique des salaires. Au niveau du système éducatif, la situation se caractérise par la faiblesse de l’offre d’encadrement, de matériel pédagogique et l’insuffisance des infrastructures et des équipements. Le taux de réussite aux examens officiels est faible. Ce bas niveau de performance ajouté à l’inadéquation formation/emploi ne permet pas de préparer efficacement les jeunes à affronter le marché de l’emploi aujourd’hui exigeant et évolutif.
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L’emploi et l’insertion socio-économique
Les jeunes camerounais rencontrent des difficultés à accéder à un emploi décent. En effet, le chômage et le sous-emploi atteignent des niveaux très élevés en milieu jeune. En outre, les jeunes éprouvent des difficultés d’insertion dans la vie active et la majeure partie des chercheurs d’emploi abandonnent les études avant d’avoir achevé le cycle primaire. Toutefois, depuis l’avènement de la crise économique qu’a traversé le pays, le nombre de jeunes hautement qualifiés mais sans perspectives d’emploi, s’est accru et constitue une cible préoccupante majeure. En réaction à cette situation préoccupante, le gouvernement a créé en 1990 dans le cadre de la Dimension sociale de l’ajustement structurel, le Fonds National de l’Emploi (FNE) en vue de l’intermédiation du marché et la promotion de l’emploi. En décembre 2004, tout un département ministériel en charge de l’emploi et de la formation professionnelle a vu le jour. A l’analyse, le chômage et le sous-emploi persistent. Au niveau des jeunes, ils ont pour causes l’inadéquation entre la formation et l’emploi, les discriminations sur le marché de l’emploi, la faible création d’emplois et le manque d’esprit d’initiative, les difficultés d’accès aux facteurs de production, notamment la terre pour ce qui est du monde rural. L’information insuffisante, la fiscalité élevée, les contraintes liées à la mise en œuvre des programmes économiques, la faible croissance de l’économie et les problèmes de gouvernance expliquent par ailleurs cette persistance du chômage et du sous-emploi.
La santé
Le Cameroun a adopté en 1996, une loi cadre qui précise que la politique nationale de santé a pour but l’amélioration de l’état de santé des populations. Malgré les efforts consentis et les actions entreprises dans ce secteur, la situation de santé demeure préoccupante, particulièrement chez les jeunes qui, éprouvent des difficultés à accéder aux services de santé de qualité .Les causes de cette situation sont liées aux insuffisances du système de santé en général et à la non prise en compte des spécificités de la jeunesse. Le système de santé est caractérisé par l’indisponibilité et l’inaccessibilité aux médicaments essentiels de qualité, le développement insuffisant du système de référence. Par ailleurs, l’absence de jeunes dans les structures communautaires de dialogue et la précarité de leur situation financière, couplées à l’absence d’un système d’assurance ou de sécurité sociale au niveau des parents, rendent ceux-ci incapables d’accéder aux soins et services de santé ainsi qu’aux aliments de qualité correspondant à leurs besoins. Malgré le niveau de connaissance généralement élevé sur les préoccupations en matière de santé, les jeunes n’ont pas souvent une information suffisante sur les services de santé qui sont mis à leur disposition.
La participation citoyenne
Les pouvoirs publics conscients et soucieux de faire participer la jeunesse à la prise de décision au plus haut niveau, ont créé des mécanismes d’expression et de dialogue des jeunes avec les adultes. Ainsi nous avons le Parlement des Enfants crée depuis 1988 et qui devient de plus invisible et même inexistant. Les Conseils municipaux des jeunes et les gouvernements d’enfants dans les établissements scolaires qui sont jusqu'à nos jours restes dans les discours. La fête nationale de la jeunesse qui a lieu le 11 février de chaque année est l’occasion de sensibiliser la communauté nationale sur les défis de la jeunesse. Mais cette sensibilisation reste cantonnée à la seule parade qui a lieu ce jour un peu partout sur le triangle national. De même, le Cameroun célèbre chaque année le 12 juin, la Journée Internationale de Lutte contre le Travail des Enfants ; le 16 juin, la Journée de l’Enfant Africain et le 12 Août, la journée mondiale de la jeunesse. Mais ces célébrations ont- ils vraiment de l’effet ?
Les loisirs, les sports, la culture et le tourisme
Le sport, les loisirs, la culture et le tourisme participent à la mobilisation, à l’encadrement et à l’éducation des jeunes. La situation au Cameroun est caractérisée par une insuffisance de l’offre des activités culturelles, des loisirs et de tourisme en faveur des jeunes. Le gouvernement a donné l’orientation et l’impulsion nécessaires au développement de ces secteurs par la création des départements ministériels en charge de la culture, du tourisme et des loisirs. S’agissant de la culture, l’organisation du FENAC (Festival National des Arts et de la Culture), dont la dernière édition date de 2008 a Maroua et de l’UNIFAC (University Festival of Arts and Culture) qui a été a sa 4e édition en décembre 2013 après avoir passe 10 ans dans l’hibernation, favorise une saine émulation des artistes. Le sport contribue au même titre que les autres activités éducatives, à l’encadrement et à la formation de la jeunesse. Le gouvernement développe aussi le sport de masse pratiqué dans le cadre du maintien et de l’amélioration de la santé. S’agissant de l’éducation physique, elle est enseignée dans les établissements scolaires par un personnel spécialisé. En dépit des résultats positifs obtenus en sport aux plans continental et international, des difficultés subsistent : les jeunes des zones périphériques sont défavorisés dans la pratique des sports et de l’éducation physique ; le manque d’infrastructures sportives et le déficit en matériel didactique constituent des entraves sérieuses à la bonne réalisation des enseignements d’EPS l’absence des établissements publics à vocation sport/études reste un handicap supplémentaire au développement du sport et de l’éducation physique.
Intégration régionale et sous-régionale
En vue de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), il est préconisé une coopération régionale et internationale dans le cadre de la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement. L’intégration régionale dans le cadre de la CEMAC et de façon plus large de la CEEAC, constitue pour le Cameroun, l’un des axes majeurs de sa politique de développement et représente un potentiel de croissance qui reste à réaliser. Ces deux grands ensembles géopolitiques forment par la taille de leur population et les ressources dont ils disposent, des espaces économiques qui peuvent contribuer à l’épanouissement et à l’insertion économique des jeunes à travers des systèmes éducatifs harmonisés. Toutefois, les jeunes éprouvent des difficultés à circuler dans la région et la sous-région du fait de la non harmonisation des programmes scolaires et universitaires, de l’application et de la vulgarisation insuffisantes des accords régionaux et sous-régionaux, l’existence des conflits régionaux, la persistance des égoïsmes nationaux, l’insuffisance des centres de formation sous-régionaux, l’absence des bourses d’études régionales et sous-régionales, le faible suivi des jeunes de la diaspora. Par ailleurs, on observe une faible participation des jeunes aux forums et instances internationaux, due au soutien insuffisant des pouvoirs publics et une organisation peu efficace des jeunes eux-mêmes. Le caractère transversal de la jeunesse nécessite que les interventions en sa faveur s’inscrivent dans une approche multisectorielle sous–tendue par une collaboration et une concertation harmonieuse entre tous les acteurs. Pour ce faire, l’engagement ferme de toutes les parties prenantes est requis notamment : les autorités politiques, administratives, traditionnelles, religieuses et morales, la société civile, le secteur privé et les partenaires au développement. Les jeunes, acteurs et vecteurs du développement, doivent s’impliquer dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des programmes d’action qui contribueront à rendre le Cameroun un pays émergent.